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Photo du rédacteurDelphine Burguet

Publication - Jean Tsaboto

Mutations et révolutions au XIXe siècle chez les Antemoro de Madagascar


Au XVIe siècle, des descendants de migrants musulmans fondent dans le Sud-Est de Madagascar le Royaume antemoro, marqué par une extrême hiérarchisation de la société et une opposition entre pur et impur. Un relatif équilibre du pouvoir s’y instaure entre nobles et roturiers, comme dans le Royaume antesaka, bâti par des nobles venus de la côte Ouest malgache.

La conquête de la région par le Royaume de Madagascar centré sur Antananarivo bouleverse profondément ces sociétés : l’administration mise en place prend le contrôle du commerce avec l’outremer, instaure impôts et corvées (après 1824), puis introduit le christianisme et la scolarisation (1878). À ces changements imposés de l’extérieur s’ajoutent ceux liés aux rapports entre groupes statutaires, ainsi qu’aux enjeux représentés par la mainmise sur les hommes et les rizières.

Le choix d’Antananarivo de s’appuyer sur les nobles en pays antemoro et antesaka, et sur les Zafisoro face aux Antefasy dans la région de Farafangana, élargit le fossé entre communautés.

Les tensions débouchent sur des conflits que la mobilité des populations et les idées véhiculées par le christianisme font évoluer en guerres révolutionnaires. Profitant de moments de crise entre le Royaume de Madagascar et la France, les roturiers antemoro (en 1851, 1883 et 1894) et antesaka (en 1895) réussissent à briser les hiérarchies de leurs Royaumes. En émancipant leurs esclaves, ils forment de nouveaux ensembles sociaux qu’ils dirigent en les dotant d’une structure « royale », en pays antesaka (1895) et antemoro (1937). Dans la région de Farafangana, à partir de 1882, une situation de tension quasi permanente s’instaure entre Zafisoro et Antefasy. Les traces de ces conflits, qu’aggrave la pression sur la terre, se font encore sentir aujourd’hui.


Jean Tsaboto est né à Andemaka, en pays antemoro. D’abord instituteur dans le Sud-Est de Madagascar, il devient chargé de cours à l’Université de Tuléar après y avoir soutenu un mémoire de maîtrise (1991) ; il rédige un DEA à l’Université d’Antanarivo (1995), puis prépare un doctorat à l’École des Hautes études en Sciences sociales (EHESS, Paris), doctorat qu’il soutient en mai 2003 ; il décède quelques mois plus tard à Antananarivo.




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